fort pardinesFort, très fort, le fort de Pardines, levier de développement local.

Le patrimoine est reçu comme un héritage producteur de sens et d’identité territoriale. Il pose la question du développement durable et met en exergue la notion -de plus en plus importante- d’environnement culturel; il évoque enfin les liens qui existent entre le patrimoine d’une part, les politiques d’urbanisme et d’aménagement du territoire d’autre part. La communauté de communes Issoire Communauté dans le cadre de ses compétences, et plus particulièrement le tourisme, a lancé, novembre 2013, un concours pour recruter une équipe pluridisciplinaire afin de répondre à : l’étude faisabilité pour la promotion touristique de la commune de Pardines.

Ce projet de valorisation s’articule autour de la diversité du concept de patrimoine culturel qui regroupe essentiellement :

. un lieu

Il faut le voir comme un paysage au sens de matrice culturel qui a permis le transfert, d’une génération à l’autre, des savoirs, des usages de la terre…. Le patrimoine entretient ce rapport privilégié avec la géographie culturelle.

. un fort villageois, un patrimoine en devenir

Ces fortifications constituent un patrimoine particulier. Elles traduisent une réponse à l’insécurité qui régnait au XIV° et XV° siècle. Celles-ci, par leurs empreintes, jouèrent un rôle déterminant dans l’histoire de nos villages. Comme le souligne le professeur Gabriel Fournier, professeur honoraire, université Blaise Pascal, elles ont eu un impact durable sur les plans et la morphologie des bourgs.
A travers l’immense travail de recherche qu’il a réalisé, l’historien a recensé environ 140 forts en Limagne et sur ses pourtours. Ils constituent un des patrimoines caractéristiques de la Basse-Auvergne, patrimoine commun entre plusieurs bourgs (Angles de vues - n°22- février 2012 -Forts, très forts).

. Une nécropole au lieu-dit «  Maison Blanche »

Des fouilles menées en 1928 ont permis de révéler plus de 220 inhumations en contrebas du plateau de Pardines. Cette nécropole, d’une grande richesse, date du IV°-VI° siècle de notre ère (voir texte de Sandra.Chabert, doctorante de l’Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand). Elle révèle une nouvelle face de l’histoire de ce lieu de vie et livre une nouvelle vision de la diversité culturelle. Depuis plusieurs années, la commune de Pardines a commencé un travail d’acquisition foncière. Plusieurs opportunités se sont présentées et l'Etablissement Public Foncier du Puy-de-Dôme Syndicat Mixte d’Action Foncière, EPF SMAF, auquel adhère la commune, a permis de faire aboutir les uns après les autres, les achats de loges du fort villageois.

S’agit-il de mettre en avant la dimension culturelle du projet de territoire ? Le territoire doit-il être considéré comme le lieu fondateur des identités locales et le ressort secret de leur survie ? Peut-on définir un usage durable du capital culturel d’un territoire en élaborant des principes d’intervention et de gestion ?..... Ce sont autant de questions que l’on se pose lors de l’élaboration d’un projet de territoire et qui demande d’appréhender plusieurs enjeux.

. Lecture culturelle et regard croisé

Le patrimoine rural vernaculaire est, par définition, humble et populaire. Il correspond à la combinaison harmonieuse d’un habitat dans un site qui donne tant à la construction qu’au paysage dans lequel elle s’insère, une valeur irremplaçable. La cohérence territoriale prend appui, ainsi, sur les modes de vie, les savoir-faire réels, reconstruits ou inventés.
Incontournable dans cette construction, le Conseil de l’Europe a œuvré pour cette mise en lumière et contribué à la connaissance d’un patrimoine commun par de l’assistance et de nombreuses aides financières. Cette reconnaissance est inscrite dans un cadre précis : dans la Convention culturelle européenne (1954), il est important de rappeler le sens donné à l’article 1er. Il engage les parties signataires, en particulier la France, «Chaque Partie contractante prendra les mesures propres à sauvegarder son apport au patrimoine culturel commun de l'Europe et à en encourager le développement.».
L’objectif initial établit le principe d’une préservation de la mémoire commune. Il impose  des obligations de protection, de transmission et appelle à un processus de créativité dans le temps. On insiste en particulier sur la nécessité d’une action coordonnée pour faire face essentiellement au problème de la destruction.
Mais aussi, à travers le regard croisé de deux conventions :
. la Convention pour la sauvegarde du patrimoine architectural de l’Europe de Grenade (3 octobre 1985),
. la Convention européenne du paysage de Florence (20 octobre 2000). Elles construisent l’alliance entre l’architecture et le paysage, et croisent les approches : le patrimoine architectural constitue une expression irremplaçable de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel / le paysage concourt à l’élaboration des cultures locales et représente une composante fondamentale du patrimoine culturel et naturel….Ils  sont intimement lié.
Ainsi dans la cadre de Pardines, le bourg et son fort villageois sont indissociables du site. L’accroche sous le rebord du plateau devient une singularité, une identité.

. Processus de connaissance et sens donné au projet

Le diagnostic de territoire renseigne et fonde le projet sur une cohésion qui trouve ses fondements dans l’unité patrimoniale.
De fait, un processus de la connaissance de ce patrimoine pluriel semble nécessaire. Des inventaires, des recherches historiques permettent de faire des analyses comparées, de dimensionner et d’évaluer la place de ce patrimoine. Mais pour parfaire cette connaissance, il est souvent nécessaire de compléter les études d’inventaire par de recherches archéologiques plus poussées, comme l’a souligné madame Claudine Girardy-Caillat de la DRAC Auvergne face aux élus de Pardines. L’étude de Sandra Chabert renseigne et permet par une analyse comparée, d’évaluer la richesse de ce patrimoine archéologique et d’en donner la dimension dans un territoire élargi. Pour le fort, des études complémentaires seront sûrement nécessaires pour opérer des datations précises et évaluer ce fort dans l’ensemble des forts villageois d’Auvergne.
Monsieur Dangles, architecte retenu pour le projet et monsieur Fournier ont confirmé la singularité du fort. Régularité du tracé, nombre et grosseur des tours, hiérarchie entre les tours d’angle et les tours des milieux de courtine,… restent des critères à étudier

. Le patrimoine comme levier de développement local

L’un des écueils majeurs du recours à la dimension patrimoniale dans le projet de développement concerne souvent les risques de repli sur soi, alors que le développement territorial doit se faire dans un souci d’ouverture.
Certains argumentent le passage vers de nouveau modèle de développement. Les projets à dimension patrimoniale peuvent être analysés à travers le spectre des modèles spatiaux qu’ils construisent.
Pour l’instant, le projet de Pardines développe une figure simple. Il s’appuie sur la valorisation du fort et la mise en valeur des fouilles archéologiques. Cette configuration spatiale sur un seul pôle aura vraisemblablement une capacité limitée à animer le territoire. Mais c’est peut-être dommage au regard de l’ensemble du réservoir patrimonial que représente les forts villageois dans le département du Puy-de-Dôme de se limiter.
Alors peut-on imaginer, une configuration qui englobe plusieurs sites et complète la connaissance de ce type de fortification villageoise en tant que modèle identitaire. Il s’agit d’un projet de territoire qui réunit un ensemble de site entre eux  qui porte le même enjeu. La configuration retenue constituera une mise en réseau interne sur un territoire élargi. Le périmètre peut-il être attribué au pays ?

 

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